Un grand merci au groupe The Shadow’s Gone Out pour le précieux temps qu’il ont consacrés à répondre à mes questions !
Avec John Doe, The Shadow’s Gone Out pousse les limites du rock industriel instrumental, mêlant puissance métallique, rythmiques effrénées et une atmosphère sombre immersive. Découvrez l’univers singulier de ce duo audacieux, qui réinvente les codes à travers un EP aussi radical que captivant.
1. Bonjour, débutons cette interview par cette première question : Comment est né The Shadow’s Gone Out (quand, comment…) ?
Bonjour, je suis Julien de The Shadow’s Gone Out, nous sommes originaires de Tours. A l’origine nous étions 3. Le groupe se composait d’un guitariste, d’un bassiste et moi à la batterie. Nous avons eu la bonne idée de se former avant le confinement. A la sortie du confinement, le guitariste a changé de région. J’avais composé 3 morceaux, absolument imparfaits. Avec Anthony, le bassiste, nous voulions continuer. Nous nous sommes donnés pour mission de monter un groupe composé que de nous 2 et de faire un Ep avec ces 3 morceaux. Nous avons contacté un ami ingé son, qui nous a aidé à enregistrer, mixer et masteriser en DIY ce qui est devenu notre Ep Final Alarm, qui est sorti en 2022. Cet ep marque le réel début du groupe.
2. Votre nouvel EP John Doe est annoncé comme plus radical que vos précédents travaux. Qu'est-ce qui a motivé cette évolution sonore ?
Une fois notre 1er ep fini, nous avons commencé à travailler sur de nouvelles compos. Sans trop de directions à suivre. Nous avons fait quelques concerts et nous nous sommes rendu compte que nous voulions des morceaux plus directs, plus courts. Nous avons simplifié les compos pour avoir un rendu plus brut, avec un son plus métal, dans l’approche, même si nous ne sommes pas un groupe de métal.
3. L’ajout de la double pédale apporte une dimension plus metal à votre musique. Était-ce une envie de repousser vos limites ou une réponse à l’inspiration du moment ?
Je n’ai jamais fait beaucoup de doubles pédales, et là, j’avais vraiment envie d’en faire. J’ai pris quelques cours avec Mike Sacoman le batteur de Kronos. Ca m’a donné envie de mettre en pratique ce que j’avais appris.
Ca s’est passé plutôt naturellement. Comme ce n’est pas ma spécialité, j’ai pas mal travaillé pour que les plans de double soient bons et percutants.
Je n’aime pas rester sur mes acquis. Maintenant, la double pédale fait partie intégrante du jeu que j’ai développé pour The Shadow’s Gone Out.
4. Le titre John Doe évoque une figure anonyme. Quelle symbolique se cache derrière ce choix ?
John Doe est une expression qui désigne une personne non identifiée ou un homme de la rue
Aujourd’hui j’ai l’impression que tout va vite, que nous ne prenons plus le temps de rien. Nous n’avons jamais eu autant de moyens de communication et pourtant nous ne communiquons plus beaucoup, enfin surtout pour des choses complètement superficielles. Sortir du lot devient de plus en plus difficile tant nous croulons sous les informations et le côté éphémères comme les réseaux sociaux notamment, qui ne laisse plus beaucoup le temps à la réflexion mais est plutôt dans la culture de l’instant. Un peu comme dans Matrix ou Dark City, perdu dans l’immensité de la ville. Tous anonymes, tous des John Doe.
5. Comment décririez-vous l’équilibre entre les influences rock et metal dans John Doe ?
C’est toujours compliqué de le décrire, car nous ne nous posons pas toujours la question. C’est bien de maîtriser les choses, mais comme disait Peter Gabriel, j’aime que les choses arrivent par accident. Les nouvelles compos nous ont donné cette direction et l’envie d’avoir un son plus méta a aidé à cela.
6. Les tempos élevés et l’ambiance industrielle de cet EP marquent une différence avec vos précédentes sorties. Était-ce un défi pour vous, en tant que groupe ?
Oui, car nous sommes sortis de notre zone de confort. Une des règles que nous nous sommes fixées avec Anthony, étant de réussir à proposer des morceaux qui soient toujours pertinents possible en essayant de nouveaux sons, ou une autre façon de faire.. Ca stimule notre imagination créatrice. Nous préférons essayer de nouvelles choses plutôt que ressasser les mêmes idées, même si ce n’est pas toujours simple.
7. Votre travail reste instrumental. Comment réussissez-vous à transmettre des émotions fortes sans paroles ?
Disons que ça permet à chacun de se faire une idée. La direction n’étant pas faite par le chant, c’est une musique un peu plus exigeante qui demande souvent plusieurs écoutes. C’est une musique qui demande un peu plus de concentration d’écoute. En concert, nous diffusons de la vidéo afin d’avoir un ensemble le plus immersif possible.
8. Le remix d’Unlucky.Young.Men par Itsvan Pycco est une surprise. Comment cette collaboration est-elle née ?
Nous avons demandé à Étienne Rousseau,qui est un ami de très longue date et est spécialisé dans le mix, s’il était tenté de faire un remix du morceau de son choix. Il a accepté tout de suite. Ca tranche beaucoup avec la version d’origine et nous en sommes très contents. Un remix qui ne proposerait pas quelque chose de nouveau n’aurait pas beaucoup d’intérêt.
9. Votre musique est qualifiée de rock industriel instrumental. Comment avez-vous trouvé ce style unique qui vous définit aujourd'hui ?
Comme nous nous sommes retrouvés à 2, nous avons essayé de voir ce que nous étions capables de faire avec cette formation atypique, basse, batterie.
Nous sommes de grands fans de nine inch nails, qui nous a servi de base principale, avec d’autres groupes comme Ez3kiel ou Perturbator.
Nous avons décidé d’avoir une rythmique solide et d’ajouter des samples pour l’ambiance, les mélodies, et tout ce que nous ne pouvions pas jouer en direct.
Le côté industriel vient plutôt de mon côté, j’aime beaucoup la scène indus des années 80, avec des groupes comme Test Dept, Skinny Puppy etc...ça nous permet d’avoir des sons très percutants, voir martiaux, accompagnés par des grosses nappes de claviers analogiques et des sons bien froids. Ca reflète plutôt bien l’univers urbain et cyberpunk que nous affectionnons.
10.L’absence de chanteur est assez atypique. Pensez-vous que cela vous donne plus de liberté pour explorer musicalement ?
Avoir un chanteur donne une direction, ça peut aussi être plus simple. L’avantage est que nous ne sommes pas conditionnés par une façon de chanter, mais ça oblige à combler ce vide par autre chose. Nous le faisons beaucoup avec les claviers. Nous aimerions travailler avec des chanteurs en featuring, pas la suite.
11.Comment décririez-vous la signature sonore de TSGO en trois mots ?
Froid, clavier, métallique
12.Vos compositions mêlent rythmiques rock et métal avec une touche industrielle. Quels artistes ou courants musicaux vous ont le plus influencés dans cette direction ?
Nous aimons beaucoup Nine Inch Nails, Korn, Deftones. Anthony affectionne beaucoup la scène métal, de mon côté la scène indus et cold wave des années 80. En ce moment, nous écoutons pas mal de synthwave, comme perturbator. C’est une direction sonore que nous commençons à explorer pour notre prochain ep.
13.Comment gérez-vous les attentes d’un public souvent habitué à des textes et des voix dans la musique rock/métal ?
En France, malheureusement c’est une musique qui reste plutôt confidentielle, ce qui est dommage. Nous sommes encore dans la culture du chant et de la guitare. Nous avons un accueil plus chaleureux avec le public métal ainsi qu’à l’étranger. Nous remercions tous ceux qui nous suivent et nous te remercions beaucoup de mettre en avant notre musique. Merci beaucoup.
14.L’utilisation de projections visuelles pendant vos concerts est une partie intégrante de votre identité. Comment élaborez-vous ces visuels pour accompagner votre musique ?
Nous aimons beaucoup travailler en DIY. J’ai commencé à faire du montage vidéo Il y a 3 ans. J’utilise des vidéos libres de droits. Après plusieurs essais, nous avons trouvé une formule qui fonctionne. Nous sommes plutôt satisfaits du résultat, même si cette façon de faire à ses limites bien évidement. Par la suite, nous aimerions travailler avec un vidéaste, afin de pouvoir travailler plus rapidement sur les vidéos ainsi que d’apporter une touche critique qui est moins évidente quand nous faisons tout nous-même.
15.Quels retours avez-vous reçus de votre public concernant cette immersion visuelle et sonore unique ?
L’avantage est que notre groupe ne laisse jamais indifférent, que le public est apprécié ou non.
16.Avez-vous déjà envisagé de collaborer avec un artiste visuel ou un vidéaste pour développer davantage cet aspect ?
Comme je l’ai évoqué plus haut, nous aimerions à terme faire des collaborations avec un ou des vidéastes. J’espère que ça pourra se mettre en place.
17.Votre configuration scénique atypique (duo basse/batterie) crée-t-elle des défis particuliers pour vos performances live ?
Quand nous partageons la scène, ça nous oblige à faire quelques concessions sur notre installation, mais globalement ça ne pose pas trop de problème. Pour la vidéo, nous utilisons des écrans de pc, ce qui renforce le côté indus et nous permet de ne pas trop être prisonnier de l’installation d’un vidéoprojecteur.
18.Depuis votre formation en 2020, vous avez sorti deux EPs et un single. Comment percevez-vous votre progression artistique depuis vos débuts ?
Nous sommes excités à chaque sortie car c’est l’image d’un moment, d’une façon de composer, de sons que nous avons choisis, d’une façon de faire. Nous essayons de faire en sorte que chaque Ep apporte quelque chose de nouveau ainsi que d’améliorer ce qui peut l’être. Freddy Rouillier du studio R ainsi qu’Anthony Marnat du Huitisch mastering nous aide à ça, avec leurs critiques pertinentes et constructives.
19.L’EP Final Alarm posait les bases de votre son, tandis que Whispering Ghost explorait de nouvelles directions. Comment ces expériences ont-elles influencé John Doe ?
Whispering Ghost a était conçu comme une transition, plutôt trip hop. Ce morceau nous a servi de laboratoire pour la compo ainsi que pour une nouvelle façon d’enregistrer. Ce morceau nous a servi de base pour John Doe, au niveau du son, de la façon d’enregistrer etc...Je pense que c’est une bonne passerelle entre les 2 Eps.
20.Avec des formats physiques comme le vinyle et la K7 pour John Doe, quel rôle joue la nostalgie dans vos choix de distribution ?
Nous avons grandi dans les années 80, nous sommes attachés à ces supports. Nous préférons proposer un objet qui soit joli, qui fasse plutôt objet de « collection » plutôt que qu’un objet de consommation.
21.Pour finir, si vous deviez décrire « John Doe » en trois mots, lesquels choisiriez-vous et pourquoi ?
Urbain,
Nous voulions quelque chose qui donne l’impression d’être en ville, d’où les sirènes de police, etc.
Urgent, car l’image du monde d’aujourd’hui où tout va vite.
Immersif, car notre musique demande un certain investissement d’écoutes
Liens:
https://bitumeprods.bandcamp.com/album/john-doe-final-alarm
https://www.bitume-prods.fr/artists
https://www.instagram.com/bitumelabel
https://www.facebook.com/profile.php?id=61563820833081
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