Interview Les Enfants de Dagon

 

 

 

Les Enfants de Dagon

 

Aux Portes de l'Inconnu : Plongée dans l'Horreur Cosmique

Préparez-vous à explorer les confins de la réalité, où le mystère et l'horreur cosmique se rejoignent pour tisser une intrigue monstrueusement envoûtante.

Pour cela, je vous invite à lire ma petite interview, pour découvrir leur monde fabuleux...

 

            1) Bonjour, et un énorme merci pour le temps que vous maccordez. Débutons cette interview avec cette première question : Votre projet est directement inspiré de lunivers de Lovecraft et de la divinité marine Dagon. Qu'est-ce qui vous a attiré vers cet univers pour la création de votre premier album ?

Laurent (chant / écriture ) :                        Bonjour, c'est toujours un plaisir de rencontrer quelqu'un intéressé par notre univers.

Pour te répondre, Thomas, le guitariste et compositeur, et moi avons toujours aimé H.P. Lovecraft depuis notre adolescence. Nous faisions des jeux de rôle ensemble, et j'étais maître de jeu pour L'Appel de Cthulhu. J'ai toujours dévoré ses nouvelles et j'étais un grand fan de son esprit tortueux.

Ce qui nous a attiré dans Dagon, c'est qu'il a peu écrit à son sujet, ce qui nous laissait beaucoup de place pour créer et poser notre univers comme nous le souhaitions. Nous voulions parler d'une divinité moins ancrée dans la culture populaire que Cthulhu, par exemple. Peu de groupes ont abordé Dagon, et aucun ne l'a pris comme sujet central de leur histoire. C'était donc parfait pour ce que nous avions en tête.

 

 

            2) Comment avez-vous abordé l’écriture musicale et narrative de cet album pour quil reflète fidèlement lambiance sombre et angoissante des œuvres de Lovecraft ?

Laurent :       Au début du projet, Thomas m’a fait écouter un morceau qui deviendra par la suite le titre d’ouverture de l’album De Profundis : la chanson "The Shadows Over Innsmouth". Il m’a demandé d’écrire un texte dessus, ce que j’ai fait étonnamment vite. Je lui ai envoyé les paroles, nous en avons discuté, et je lui ai expliqué ce que j’avais en tête. J'ai proposé que nous écrivions une histoire fantastique, à la manière de ce que fait King Diamond, avec des personnages, des situations et une progression narrative.

Il a été emballé par l'idée, et nous avons commencé à composer en mettant l’histoire au premier plan. Thomas a écrit des riffs basés sur mes idées, afin de coller au plus près aux événements vécus par le personnage principal. Nous voulions également que les auditeurs puissent ressentir la lourdeur, le côté oppressant de la ville, percevoir la brume et le malaise qui émanent des lieux.

 

 

            3) Le personnage de Pierre Duval, prêtre catholique exilé aux États-Unis, est au cœur de lhistoire de lalbum De Profundis. Comment est née l'idée de ce protagoniste et son rôle dans le récit ?

Laurent : L’idée m’est venue immédiatement : je voulais décrire une descente aux enfers, mais avec un personnage solide, capable de supporter le plus longtemps possible les horreurs qu'il allait rencontrer. Nous voulions un personnage francophone pour pouvoir intégrer notre langue naturellement dans les textes, et son passé d’aumônier lui donne une force supplémentaire, ce qui jouera un rôle important dans la suite de l’histoire (notamment sur le troisième album, où l’on prévoit d’explorer davantage ce thème).

Je souhaitais un personnage religieux afin de mettre en lumière la dualité des croyances et le conflit intérieur d'une personne érudite, pétrie de certitudes. Son parcours ecclésiastique le rapprocherait de la dimension spirituelle et ésotérique.

            

 

            4) Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en fusionnant le Death, Black, et Doom Metal dans une orchestration multicouche ?

Thomas (Guitare/ Composition) : Le principal défi est de servir l’histoire !  En tant que compositeur, maintenir un équilibre entre ces styles est primordiale tout en préservant notre identité musicale

 

 

            5) Votre musique se distingue par son côté atmosphérique et immersif. Comment parvenez-vous à équilibrer la brutalité du Death Metal avec des éléments plus ambiants et sombres du Doom ?

Thomas : Notre ligne de conduite est de bien accompagner les protagonistes et l’action de notre arc narratif. La musique sert de support à l’histoire, telle un pilier. Nous aimons explorer cette dualité entre des passages lourds et des moments dynamiques à travers notre musique, ce qui renforce les paroles et le récit du chant.

 

 

             6) Le livre que vous avez écrit pour prolonger lhistoire de lalbum est une initiative intéressante. Qu'est-ce qui vous a poussé à développer cette histoire au-delà de la musique et à l'étendre sous forme littéraire ?

Laurent : Rapidement, avec Thomas, nous nous sommes rendu compte que nous avions beaucoup de matériel pour raconter notre histoire complète. Nous avons décidé de découper la trame narrative en 5 arcs : un album, puis un roman, à nouveau un album, un autre roman, et enfin un album final. Cela nous a permis de développer notre univers et de nous affranchir de l'idée de nous exprimer uniquement à travers la musique.

C'est ainsi que nous en sommes arrivés à ce que nous appelons notre triptyque : « musique, littérature et spectacle ». Cela permet de proposer plusieurs médias et différentes portes d'entrée dans notre histoire. Par exemple, une personne qui aime le metal commencera par la musique, un lecteur plutôt par le roman ou le podcast, et celui qui souhaite vivre une expérience immersive viendra au concert. Nous espérons que les gens exploreront ces trois médias pour vivre l’expérience dans sa totalité.

 

            7) Quelle a été la réception de votre album De Profundis jusqu’à présent, et avez-vous été surpris par certaines réactions des auditeurs ou des critiques ?

Laurent : Nous avons été très surpris par les excellents retours des magazines et par les très bonnes critiques/chroniques que nous avons reçues, ainsi que par l’intensité des réactions du public. Nous sommes vraiment flattés que notre projet et notre troupe aient trouvé un écho aussi favorable auprès des gens, même au-delà de la scène metal, notamment lorsque nous participons à des conventions littéraires ou de culture pop (cosplay, etc.). C’est vraiment incroyable de voir que ce que nous avons en tête plaît autant.

 

 

            8) Laspect visuel de vos concerts semble jouer un rôle important dans limmersion de votre public. Comment prévoyez-vous de transposer lunivers de lalbum sur scène ?

Laurent : Avec la troupe, nous avons travaillé un spectacle aussi millimétré et chorégraphié que possible, avec des moments forts, des décors et des jeux de lumière (merci à Terence, notre ingénieur lumière, qui nous suit à fond dans nos délires) pour offrir au public une expérience des plus immersives dans notre univers. Nous avons réfléchi à chaque aspect : chaque décor, chaque objet, costume ou effet utilisé (avec nos moyens évidemment limités), en veillant à ce que rien ne paraisse kitsch. Et si nous n’étions pas convaincus de la qualité, nous avons appris à renoncer. Nous ne voulions pas faire un show à la Spinal Tap ;-)

 

 

            9) Vous puisez beaucoup de votre inspiration dans les années 90, notamment dans les groupes de Death et Black Metal de cette époque. Quelles sont vos influences majeures et comment vous les intégrez dans votre propre son ?

Thomas : Les influences qui nourrissent notre musique sont aussi diverses qu’enrichissantes, oscillant subtilement entre des légendes telles que Paradise Lost, Dimmu Borgir et Cradle of Filth, tout en intégrant la puissance de Loudblast, l’intensité de Sinsaenum et la brutalité mélodique d’Unleashed

 

 

            10) Lhistoire de votre album se déroule dans les années 1920. Pourquoi cette époque en particulier ?

Laurent : C’est l'époque où écrivait H.P. Lovecraft, et nous voulions être le plus respectueux possible de son œuvre. Cela nous a également permis d'offrir un voyage plus exotique dans le temps, sur une période pas si connue du grand public. Pour ma part, ayant fait des études d'histoire, je me suis éclaté en travaillant sur les références et les lieux. J'ai passé un temps fou à rechercher les éléments exacts, afin d'éviter les anachronismes, tout en proposant un contenu de science-fiction.

 

 

            11) Le chant dans vos morceaux est lun de vos points forts, notamment avec la diversité des voix. Comment travaillez-vous la complémentarité entre le chant guttural et la soprano ?

Laurent : Ça s'est fait très naturellement avec Céline. Nous nous connaissons très bien, et nous sommes bienveillants l'un envers l'autre, mais nous savons aussi nous dire franchement quand quelque chose ne va pas (c'est généralement moi qui fais de la  M…de, d'ailleurs ;-)). Nous voulions que les voix aient une grande variété de tessitures et de couleurs, afin de coller au mieux aux émotions traversées par nos personnages. Nous souhaitions également que les sons reflètent les lieux et les ambiances que nous voulons décrire et faire ressentir au public.

Nous avons beaucoup travaillé les pré-productions, testé de nombreuses idées différentes, et conservé celles que nous préférions.

 


 

            12) Le personnage principal découvre une société secrète à Innsmouth. Comment cette intrigue est-elle représentée dans la musique et les paroles de l'album ?

Laurent : Pour la musique et les paroles, nous avons monté la tension crescendo, de plus en plus intense, jusqu'à la découverte par le prêtre de l'ordre ésotérique de Dagon. Nous avons ajouté des éléments black au fur et à mesure, avec des voix plus aiguës pour souligner le côté sinistre de la situation. Ensuite, nous avons exploré la dimension psychologique du personnage, qui perd pied jusqu'à ce que sa santé mentale soit complètement ébranlée et qu'il commette l'irréparable pour un chrétien.

 

 

            13) Vous avez été comparés à des groupes comme Cradle of Filth pour votre mélange d’atmosphères symphoniques et de brutalité. Comment réagissez-vous à cette comparaison et en quoi vous en distinguez-vous ?

Laurent : Nous sommes très fiers que Cradle soit associé aux Enfants de Dagon. Cela vient de la pluralité des styles de metal et du mélange des voix présents dans nos chansons : nous pouvons passer d’un riff heavy à du gros death, ou à un black bien agressif. Je pense que nous nous distinguons d’eux ; pour nous, un riff heavy a une raison d'être dans l’histoire, pour créer l’atmosphère et la compréhension du récit. Chez Cradle, ils composent d’excellents riffs nourris de leurs influences, mais si l'on lit les textes, les mots ne sont pas toujours en rapport avec une accélération de vitesse, par exemple. Je pense que nous n’avons pas la même façon de composer qu’eux. J’adore ce qu’ils font, mais nous n’avons pas la même philosophie. ;-) Cela reste des putains de génies, et nous sommes loin d’avoir leur niveau et leur qualité. Il faut savoir rester à sa place. ;-)

 

 

            14) Le projet que vous développez est ambitieux, avec une trilogie en préparation. Avez-vous déjà des idées pour les albums à venir et comment comptez-vous approfondir cet univers ?

Laurent : Nous avons déjà écrit toute l’histoire, ainsi que nos 5 arcs narratifs. Nous savons ce que nous allons dire dans le deuxième et le troisième album, qui en seront les personnages et où se dérouleront les événements. Nous sommes en train de travailler sur la composition du deuxième album. La troupe a fait un travail magnifique ; nous ne nous sommes imposé aucune barrière de style, d’idées ou d’atmosphères. Nous espérons que cela touchera les gens et qu’ils auront envie de découvrir la suite de notre narration.

 

 

            15) Comment avez-vous conçu l'orchestration multicouche pour De Profundis et quelle importance avez-vous accordé à chaque instrument pour obtenir ce résultat dense et oppressant ?

Thomas : Chaque instrument est partie prenante dans l’histoire, par exemple une vague de chant est une représentation de l’entité Dagon. Les solos sont des incantations magiques liées au cultes.

 

 

            16) Votre musique évoque souvent des images de terreur et de mystère. Comment arrivez-vous à créer cette tension sonore qui se maintient tout au long de vos compositions ?

Thomas : Je souhaitais réellement une progression dynamqiue qui colle à l’histoire,

J’ai donc puisé dans des éléments de Doom, de Death et de Black pour arriver à ce résultat. L’ajout du chant lyrique / Violoncelle /Claviers ont permis  de sculpter les ambiances pour que cela colle à l’image que je me fait du monde de Lovecraft.

 

 

            17) Pensez-vous que laspect narratif de vos albums est aussi important que la musique elle-même ? Quelle place occupe lhistoire dans votre processus de création ?

Laurent : L’aspect narratif est primordial, c’est notre clé de voûte. Nous racontons une histoire à travers différents médias : par la musique sur un album, par la littérature dans un livre, et par le spectacle vivant sur scène. L’histoire est notre boussole, c’est elle qui nous dicte ce que nous devons mettre en avant à chaque moment.

 

 

            18) Vous avez déjà annoncé vouloir créer une atmosphère visuelle unique lors de vos concerts. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos idées pour le côté scénique et linteraction avec le public ?

Laurent : On ne veut pas trop en dévoiler, le mieux est de venir nous voir en concert, on nous dit que le côté immersif est réel et que les gens se laissent porter par l’histoire, c’est ce que l’on espérait en préparant les lives, on est ravi que ceux ci plaisent autant même si parfois c’est une vraie gymnastique de faire rentrer 8 musiciens sur une scène, on a d’ailleurs travaillé nos décors en fonction de la taille du lieu dans lequel on joue pour pouvoir adapter la voilure au mieux. Certaines personnes en sortie de concert m’ont dit qu’ils avaient assisté à une « cérémonie », c’est le plus beau compliment que l’on a pu me faire!

 

 

            19) Le mélange entre agressivité et mélancolie semble être un élément central de votre son. Comment parvenez-vous à intégrer ces deux émotions contradictoires dans vos compositions ?

Thomas : Cette ambivalence est intéressante dans la construction car elle represente bien les 2 personnages Eleanor et Pierre Duval. Elle represente aussi un équilibre entre la lumière et l’obscurité de l’histoire. Notre narration porte en elle cette agressivité et cette mélancolie. Un peu comme un compositeur de musique à l’image, j’ai du équilibré ces 2 émotions.

 

 

            20) Pour finir, si vous deviez résumer lessence de De Profundis en une phrase, quelle serait-elle ?

Laurent :       Faire vivre une aventure ésotérique, mystique et Horrifique !

Thomas : Le début d’un voyage…

 

 Liens :

http://oeildedagon.com/

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