Coilguns - "Odd Love"
Découvrez Coilguns, le groupe qui a émergé des profondeurs de la scène hardcore DIY pour façonner un son explosif mêlant punk enragé et noise-rock extatique ! Leur quatrième album, "Odd-Love", enregistré aux légendaires Oceansound Recordings en Norvège, promet d'enflammer les foules tout en conservant leur essence brute et euphorique. Ne manquez pas cette occasion de plonger dans l'univers incandescent de Coilguns avant la sortie de l'album le 22 novembre 2024, et jetez un œil à ma petite interview pour en apprendre davantage sur leur parcours !
1. Bonjour, Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour le temps que vous m’accordez. Débutons cette petite interview. "Odd Love", votre prochain album, sortira le 22 novembre 2024 chez Hummus records (Label fondé par Jona Nido en 2012, membre de Coilguns, si je ne me trompe pas). Comment définiriez-vous cet album par rapport à vos précédentes créations ?
[LUC] C’est une nouvelle version d’un album de Coilguns. L’entièreté du processus a été différente de tout ce qu’on a fait auparavant. L’écriture des morceaux, la manière dont ils ont été écrits, l’enregistrement et le mixage, nous avons exploré de nouveaux territoires à tous les niveaux. Le Covid a joué un rôle mais nous avions le sentiment d’avoir atteint les limites de nos compétences et nos possibilités en matière de DIY et ça faisait un petit moment que nous discutions et rêvions doucement d’aller enregistrer dans le studio de nos rêves et de laisser les commandes de la technique dans les mains d’un ingénieur du son expérimenté avec qui nous voulions travailler. Le gros step a été de confier le mixage à quelqu’un avec qui nous n’avions jamais travaillé. Personnellement, ça m’a beaucoup perturbé d’entendre ces morceaux à travers les oreilles de quelqu’un d’autre, ayant l’habitude que Louis se charge du mix des précédents albums. Il m’a fallu un peu de temps pour ensuite comprendre cette nouvelle façon de percevoir notre musique.
2. Le titre "Odd Love" reflète-t-il un thème spécifique que vous avez voulu aborder tout au long de l’album ?
[LOUIS] Odd love, (étrange amour), est une façon de résumer notre rapport à la musique, au business qui la régit et à notre vie de groupe en général. On est souvent assez stupéfait de réaliser la longévité de ce groupe et l'importance qu'il a pris dans nos vies. Surtout si on pense à la manière complètement hasardeuse dont il a démarré. Cette musique nous aide à digérer toutes sortes d'émotions et de phases de vie qu'on traverse, lourdes ou légères. L’étrangeté a toujours été notre normalité, et l'amour est le moteur qui nous y maintient. On a mis du temps à se trouver une place au sein du paysage musical, parce qu'on a jamais trop cru aux scènes et aux modes. Notre intuition c'était de monter sur scène et de tout casser. On a assez vite réalisé que ce n'était pas le meilleur business plan. Avec les années, on a appris à apprécié notre propre incompatibilité avec le monde qui nous entoure, et à en faire une sorte de moteur pour aller vers les autres. Cela nous a notamment poussé à monter notre propre label, à tout apprendre par nous-mêmes, à créer nos propres outils et astuces pour rendre compréhensible ce qui était évident pour nous mais trop bizarre pour les autres. En chemin on a appris à nous aimer pour ce qu'on est : un groupe de noise étrange sorti sur un coup de tête d'une petite ville horlogère.
3. Vous avez mentionné que cet album a été en partie composé pendant le confinement de 2020. Comment cette période particulière a-t-elle influencé votre écriture et votre processus créatif ?
[LUC] Cette triste période a finalement influencé de manière processus créatif de l’album.
Jona porte différentes casquettes au sein du groupe : management, prod, relations entre nos différents partenaires (management, bookers, agent de com, etc.) et bien sûr guitariste, sans compter ses différentes autres activités de manager du label Hummus Records et j’en passe. Autant dire qu’il ne lui reste pas beaucoup de temps pour écrire de la guitare. Du coup il a mis à « profit » le fait que le Covid mette le monde entier en stand-by pour se consacrer à l’écriture de l’album, à la maison, ce qui était donc le point de départ du processus créatif. Il m’envoyait ensuite les pistes de guitares sur lesquelles je bossais des idées et enregistrais des démos de batterie à notre studio de La Chaux-de-Fonds.
4. Quelles ont été les plus grandes difficultés rencontrées lors de la création d’"Odd Love" ?
[LUC] Personnellement, c’était un bon challenge d’apprendre à m’enregistrer. Je n’avais jamais fait ça auparavant, en général on tournait les riffs de Jona au local ou plus tard, directement en studio pour sur les albums Millennials et Watchwinders.
Pas vraiment une grosse difficulté mais j’ai dû m’accoutumer à la technologie et surtout au fait de bosser les morceaux tout seul.
5. Le single "Generic Skincare" est déjà perçu comme un morceau phare de l’album. Pourquoi avoir choisi ce titre ?
[LUC] Ce genre de décision est bien sûr pris en accord avec notre management, mais personnellement je le trouve très représentatif de ce qu’est le nouveau Coilguns en ayant en même temps la manière de faire du groupe. Un couplet refrain assez pop au niveau de la voix avec une rythmique bien martelé noise-rock-isante à la batterie. Gros basse/synthé, les grattes de Jona qui se baladent tranquille là-dessus pour mettre sel/poivre. Hop 2 petits tours de tout ça pour ensuite servir le gros riff qui tarte. La recette est assez propre à nous cependant, on y a ajouté quelques nouveaux ingrédients.
[KEVIN] C’est marrant parce qu’avec la tête dans le guidon avant et pendant l’enregistrement, j’avais pas spécialement l’impression que c’était un des morceaux forts du disque. Mais il est hyper fun à jouer, alors tant mieux si les gens le trouvent cool !
6. "Generic Skincare" marque une évolution dans votre son avec une approche plus mélodique. Est-ce une direction que vous souhaitez poursuivre dans le futur ?
[LUC] L’envie générale est de s’orienter de plus en plus vers un son rock très noise et punk et de s’éloigner un peu de nos influences des premières heures, très dures, comme Converge, Cursed ou Breach (sans pour autant les mettre à la poubelle). Les discussions entre nous parlaient plutôt d’écrire un album avec vraiment des « morceaux » qui seraient susceptibles de parler à un plus large public, plutôt que de chercher la violence la plus noise possible, comme c’était beaucoup le cas avant. Les lignes plus mélodiques et les voix claires sont une conséquence directe de ces choix artistiques.
7. Ce morceau intègre des voix claires et des refrains accrocheurs, ce qui semble être un changement par rapport à votre style habituel. Comment avez-vous vécu ce virage dans votre écriture et production musicale ?
[LUC] Très naturellement en fait, c’est une décision unanime au sein du groupe. Louis tend vers d’autres envies vocales, incluant de plus en plus de voix chantées, et nous en sommes tous ravis. Aussi, au fil des années, les hurlements constants sont de plus en plus fatigants pour sa voix, qui est, rappelons-le, son outil de travail principal. On a donc naturellement orienté l’écriture des morceaux dans ce sens-là.
8. Dans "Generic Skincare", on ressent une énergie brute mêlée à une production soignée. Comment avez-vous trouvé l'équilibre entre l'intensité punk/noise et cette nouvelle approche plus accessible ?
[LUC] Dans les grandes lignes, je pense très personnellement que l’intensité punk/noise, c’est vraiment le côté animal de Coilguns qui s’exprime, ça, nous savons très bien faire. La production soignée vient beaucoup du mix de Tom Dalgety, avec qui nous avons choisi de travailler sur les conseils de notre management, ainsi que des prises de son luxueuses que nous avons faites à Ocean Sound Recording avec Scott Evans. En tout, je pense que c’est un travail d’équipe minutieux où chacun met son savoir-faire au service du groupe.
[KEVIN] J’ai l’impression que peu importe ce que joue Coilguns, il y aura toujours de l’intensité. Même le titre “The Wind to Wash the Pain”, qui est à priori vachement plus calme, quand il est joué en live, il a une intensité que je trouve hyper puissante alors qu’il n’y a pas un coup de kick, pas un coup de snare de tout le morceau, et que du chant “clean”. Je crois que c’est juste dans l’ADN des gens du groupe.
9. Comment le processus d'enregistrement avec Scott Evans à Ocean Sounds en Norvège a-t-il impacté l’album ? Que vous a-t-il apporté en termes de production et d'énergie en studio ?
[LUC] C’était une expérience mémorable. Scott est un technicien/musicien au talent infini doublé d’une humanité immense. Le courant est parfaitement passé entre lui et nous. Personnellement, ça m’a vite beaucoup rassuré, car le fait d’aller faire ce disque avec quelqu’un qu’on n’avait jamais rencontré me stressait un peu.
Scott, c’est le couteau suisse américain par excellence. C’est une encyclopédie de tout le matériel qu’on peut trouver en studio. Nous avons énormément profité et appris de son expérience. Il avait toujours des idées, des conseils et des solutions à n’importe quel problème/question. Il ne s’arrêtait pas avant d’avoir trouvé la solution ou le petit truc en plus qui pourrait faire que… Après, nous étions toujours libres d’utiliser ses idées ou pas ; ça n’était jamais une source de frustration pour lui. Un vrai professionnel.
[KEVIN] Là où je l’ai trouvé excellent, et où j’espère lui avoir piqué un maximum de choses, c’est dans son attitude positive. Tellement de techniciens ont ce côté ultra chiant que, quand tu leur demandes quelque chose, ils commencent par te dire non, te tirer des théories de sac à pain de pourquoi c’est pas possible. La plupart du temps, c’est juste qu’ils ont la flemme ou qu’ils ne pigent pas pourquoi tu veux faire ça, ou qu’ils ne savent pas le faire. Scott est à l’opposé le plus extrême de ça. Il a vraiment ce truc de Californien de “yes we can”, et ça fait une ambiance de boulot ultra motivante. En plus de ça, son focus principal est de conserver le flow de la session. Il a compris que même si on pouvait passer encore 4 heures pour aligner la phase de tel et tel micro et essayer tous les préamps de la planète pour chaque source, eh bien on n’en a pas besoin. Pour les prises live d’un groupe à guitares, on a besoin d’une certaine énergie, et on peut facilement briser le flow d’une session en tirant des théories ou en bougeant les micros d’un millimètre à gauche. Aussi, il a suffisamment de bouteille pour que, de toute façon, le micro soit bien placé dès le début.
10. Après plusieurs années d’existence, Coilguns continue d'innover et d'évoluer. Comment réussissez-vous à maintenir cette fraîcheur et à éviter de tomber dans la routine ?
[LUC] Je pense qu’on a toujours fait ce qu’on a voulu sans concession et sans être régis par les règles d’une scène ou d’un courant musical. Beaucoup de groupes, d’attitudes et de manières de faire nous inspirent bien sûr. Nous avons tous des backgrounds relativement différents et les avons toujours mis à profit ensemble pour faire ce qu’est Coilguns. Renverser complètement la vapeur à tous les niveaux pour faire ce nouvel album est typiquement un geste qui nous permet de ne pas tomber dans la routine.
11. Votre carrière a débuté de manière presque accidentelle, comme vous l’avez mentionné. Quel regard portez-vous sur cette évolution, de vos débuts à aujourd'hui ?
[LUC] Accidentelle ? Je ne crois pas, non. Peut-être que tu fais référence au label Humus Records, que Jona a créé à la base pour ne pas signer les demandes de booking au nom d’un membre du groupe. Effectivement, dans ce cas, c’est un heureux accident.
12. Vous avez collaboré avec des producteurs de renom comme Tom Dalgety et Robin Schmidt pour cet album. En quoi leur apport a-t-il enrichi votre musique ?
[LUC] Au niveau du mixage, la manière dont Tom a travaillé ces titres m’a beaucoup surpris au début. Nous étions habitués à faire les mixes nous-mêmes et à notre manière. Je n’aurais jamais pensé à une telle façon d’aborder ces morceaux. Il m’a fallu du temps pour comprendre en quoi sa démarche consistait, notamment la façon de faire de la place pour la voix et de la mettre très en avant. Au final, j’ai été conquis et je pense que c’était une étape nécessaire pour amener cet album là où on le souhaite.
13. Coilguns est connu pour ses performances live énergiques. Comment recréez-vous cette intensité en studio, et y a-t-il une différence dans votre approche entre les concerts et les enregistrements ?
[LUC] Au début du groupe, sur nos premiers enregistrements, il n’y avait presque aucune différence entre les deux approches. On essayait de reproduire le feeling des concerts avec exactitude. Puis, plus nous avons avancé, plus nous avons appréhendé le studio comme tel. Cela ne voulait pas dire abandonner l’énergie, mais plutôt la reproduire avec les moyens qu’offre un studio.
14. Vous vous apprêtez à jouer au Soulcrusher Festival et au Desert Fest. Qu'est-ce que ces festivals représentent pour vous, et comment vous préparez-vous pour ces événements ?
[LUC] Le Soulcrusher est un souvenir incroyable, nous y étions juste après un long confinement dû au Covid et le public était électrique ! Je ne connais pas encore le Desert Fest donc on verra. Personnellement, j’appréhende chaque concert de la même manière, peu importe la taille de la salle, le public, etc. Donc ceux-ci ne feront pas exception à mon état d’esprit, ni plus, ni moins.
[KEVIN] Je me réjouis à fond. Soulcrusher, il y a trois ans, c’était mes tout débuts avec Coilguns sur scène, alors je me réjouis d’y retourner, de voir les potes de Norna et de regarder des gens qui font trois têtes de plus que moi faire du vélo. En plus, les Pays-Bas, c’est vraiment le meilleur pays pour faire des concerts. L’accueil technique, les ressources culturelles, la bouffe, les gens, tout est toujours incroyable. Desert Fest aussi, plein de bons souvenirs et je me réjouis d’y faire mon premier concert comme musicien.
15. Votre son a souvent été comparé à des groupes comme Converge ou Refused. Comment réagissez-vous à ces comparaisons, et pensez-vous que votre son a pris une direction unique ?
[LUC] Ce sont des comparaisons très flatteuses. Évidemment, ce sont deux groupes qui font largement partie de nos influences. Je ne pense pas que notre musique soit unique, mais nous mettons un point d’honneur à creuser au-delà des clichés et à nous forcer à trouver les petits quelque chose d’inattendus.
[KEVIN] C’est hyper touchant parce que Refused, c’est un des groupes qui m’a le plus marqué. Je ne suis pas sûr de voir les liens que les gens font sur le plan purement musical, mais de mon point de vue, Coilguns et Refused ont tous les deux un batteur qui me donne envie de tout foutre à fond, tous les deux ont un chanteur charismatique avec qui j’ai envie de danser, et tous les deux ont des riffs qui me restent dans la tête quand j’essaye de dormir.
16. Vous avez toujours pris des décisions audacieuses en termes de production et d’écriture. Qu’est-ce qui vous motive à continuer d’explorer de nouvelles sonorités au lieu de vous contenter de ce qui a déjà fonctionné ?
[LUC] Ne pas tomber dans la routine, justement ! Les goûts et les envies de chacun évoluent au fil du temps, nous adaptons donc l’écriture et l’arrangement des nouveaux titres en conséquence. Chacun tire de nouvelles choses selon ses diverses expériences dans d’autres projets, ce qui nourrit constamment le travail sur les nouveaux morceaux ou albums.
17. La relation que vous entretenez avec la scène punk-noise semble particulière. Quel est votre rapport à ce style musical aujourd'hui ?
[LUC] C’est de là que nous venons. Le son et l’identité de cette scène nous ont toujours inspirés ; du coup, il est normal que l’on s’y soit identifié. L’influence directe que cette scène a eue sur nous est maintenant digérée, et nous construisons notre propre identité avec tous les éléments passés et récents de notre culture musicale.
18. "Odd Love" a été écrit en grande partie par Jona Nido, puis arrangé par tout le groupe. Comment fonctionne la dynamique créative au sein de Coilguns ?
[LUC] Elle évolue constamment au fil du temps. À l’époque des premiers EP et de Commuters (notre premier album), c’était surtout Jona et moi qui nous enfermions au local dès qu’on avait le temps pour essayer des idées qu’il amenait, et nous faisions l’arrangement ensemble sur le tas. Ensuite, Louis écrivait des textes et posait les voix juste avant les enregistrements ou directement en studio. Pour Millennials et Watchwinders, nous avons tout écrit, arrangé et enregistré dans la foulée en l’espace d’un mois pour chaque album. Odd Love, ça a été encore un nouveau processus, totalement inédit au groupe à ce jour.
19. L'album a été enregistré dans des conditions particulières avec un retour aux bases. Est-ce une manière pour vous de renouer avec vos racines musicales ou de créer une nouvelle identité pour le groupe ?
[LUC] Justement, pas. La manière dont nous avons créé cet album était complètement nouvelle. Le processus d’écriture a pris plusieurs mois, nous l’avons enregistré en tant que démo plusieurs fois dans notre studio avant d’aller finalement à Ocean Sound pour l’enregistrement définitif. Travailler avec quelqu’un d’extérieur au groupe était quelque chose de totalement nouveau également.
[JONA] Je pense que tu fais référence à la partie composition, où là, plutôt que de se retrouver tous ensemble au local, et après discussion avec Luc et Louis, j’avais décidé d’écrire la base du disque seul, avec ma guitare, chez moi, comme au tout début de Coilguns. À ce moment-là en 2020, j’avais besoin de me retrouver avec mon instrument pour donner la couleur de ce disque. J’ai passé ma vie à tout faire pour pouvoir faire un max de musique avec mes potes, et à force ben ces autres choses comme le label ou le management ont commencé à prendre de plus en plus de place, et j’avais de moins en moins le temps de faire de la musique. C’était donc nécessaire à ce moment-là et, je pense, que c’était le bon choix pour tout le reste du processus pour ce disque-là. La crise sanitaire a d’ailleurs bien aidé à dilater ça dans le temps, et finalement, c’était vraiment super, car ça nous a tous poussés à faire des choses qui nous sortaient de notre zone de confort.
20. Vous avez monté votre propre label et appris à tout faire vous-mêmes. Quelles leçons en avez-vous tirées, et que conseilleriez-vous à de jeunes groupes souhaitant suivre votre chemin ?
[JONA] Que c’est énormément de travail mais que c’était nécessaire pour rester « libre ». Bien qu’on aimerait beaucoup avoir un label qui s’occupe de nous, jusqu’à maintenant, contrôler toute la chaîne du studio à la mise en distribution nous donne une flexibilité sans pareil, tout comme la gestion de nos autres projets car tout est réunis sous le même toit et que nous avons uniquement à parler entre-nous pour s’organiser. Nous avons bien sur des partenaires pour le management, le booking, des agences de presse etc…mais globalement c’est nous qui faisons les plans et c’est aussi nous qui gérons les investissements que l’on fait. On ne doit rien à personne. Cela nous permet aussi d’avoir une économie « saine », à défaut que le projet spécifique « Coilguns » soit viable, il est auto-géré et nous n’avons pas de dettes envers qui que ce soit. J’ai la chance de pouvoir régulièrement m’adressé à des jeunes artistes sur les tenants et aboutissants de la gestion d’un projet, d’un groupe et je conseille fortement de commencer par faire les choses soient mêmes (si personne ne veut travailler avec eux). Je ne dis pas que c’est une étape nécessaire, mais plutôt que d’investir du temps à convaincre des gens qui n’ont pas le temps, pas l’envie, autant mettre cette énergie dans apprendre à faire les choses soi-même. Ca permet notamment par la suite de valoriser le travail de son entourage, puisqu’on en connaît les problématiques mais ça permet aussi de juger la qualité des services fournis ou proposé par les partenaires. Je n’y vois donc que du bénéfice. En plus il faut bien dire que c’est un milieu hyper compétitif et que donc, « juste » faire de la bonne musique ne suffit pas. Au-delà d’être à minima « excellent » (même dans la niche), il faut aussi savoir utiliser les outils à disposition pour être présent en ligne, distribuer sa musique et aussi avoir envie de faire de la gestion de projet. Même pour un résultat minime, se rendre un tout petit peu visible demande de la planification, de l’organisation et, à défaut d’argent pour externaliser le reste, beaucoup de temps et d’envie. Tout ça pour des résultats qui semblent souvent ingrats.
21. Coilguns est devenu une véritable famille au fil des ans. Comment cette camaraderie influence-t-elle votre musique et la manière dont vous travaillez ensemble ?
[LUC] La notion de famille ou d’amitié est pour moi un point central de ce qu’est ce groupe. Je pense qu’elles sont nécessaire et qu’elles influence nt positivement le travail du groupe. Tout le monde s’y sent bien et safe, c’est donc un environnement de travail confortable. Bien sûr il y a toujours des ajustements à faire au fil des années mais c’est toujours dans un but constructif.
22. Qu’espérez-vous que les auditeurs retiennent de "Odd Love" lors de sa sortie en novembre 2024, et surtout de votre single "Generic Skincare" après les avoir écoutés ? Quelle expérience souhaitez-vous leur offrir ?
[LUC] Pfff cette question est difficile, l’expérience de la musique est si propre à chacun. Dans les grandes lignes ce qui me plaît dans l’idée de créer de la musique, c’est d’abord qu’elle me fasse vibrer, ensuite évidemment, de la partager et espérer que chaque auditeur,ice y ressente quelque chose. Peu importe si c’est en bien ou en mal. Le simple fait que ça provoque un truc à l’écoute, musicalement ou au niveau des paroles est relativement satisfaisant à mon avis
23. Pour finir, si vous deviez décrire "Odd Love" en trois mots, lesquels choisiriez-vous et pourquoi ?
[LUC] Amour : qu’il respire au sein de notre groupe, dans notre manière de faire les choses, dans les paroles, dans notre entourage, il est omniprésent dans toutes nos démarches… et dans le titre
Détermination : Ne jamais se mettre de barrière ou de freins pour faire les choses, oser bousculer ses propres codes, règles, habitudes et manière ainsi que ceux et celles qui gravitent autour et régissent notre musique
Maturité : C’est par le chemin accompli et à l’expérience acquise en faisant nos précédents albums et plus généralement toutes les périodes traversées ensemble en tant que groupe qui nous sommes arrivés à ce résultat à ce moment de notre vie. On le sens dans le processus de création de ce disque
[KEVIN] Amour, étrange, catalyseur. Les deux premier parce qu’il porte bien son nom, et le dernier parce que depuis qu’on l’a enregistré il y a eu un switch dans ma vie que j’ai du mal à piger encore maintenant. Très difficile de dire qu’est ce qui vient du disque lui-même, mais en tout cas la période a catalysé beaucoup de changements et je suis curieux de voir où ca va aller.
English
Discover Coilguns, the band that has emerged from the depths of the DIY hardcore scene to craft an explosive sound blending furious punk and ecstatic noise rock! Their fourth album, Odd Love, recorded at the legendary Oceansound Recordings in Norway, promises to ignite audiences while preserving their raw and euphoric essence. Don't miss the chance to dive into Coilguns' incandescent universe before the album's release on November 22, 2024, and check out my brief interview to learn more about their journey!
1. Hello! First of all, thank you for taking the time to talk with me. Let’s kick off this interview. Odd Love, your upcoming album, will be released on November 22, 2024, by Hummus Records (a label founded by Jona Nido in 2012, who is also a member of Coilguns, if I’m not mistaken). How would you define this album compared to your previous work?
[LUC]: This is a new version of a Coilguns album. The entire process was different from anything we’ve done before—songwriting, the way we approached it, recording, mixing—we explored new territory on every level. COVID played a role, but we also felt we’d reached the limits of our DIY capabilities. For a while, we’d been talking and dreaming about recording in our dream studio and handing over the technical reins to an experienced sound engineer we wanted to work with. The big leap was entrusting the mix to someone new. Personally, it was unsettling to hear our songs through someone else’s ears, as Louis had always handled the mixes on our previous albums. It took me a while to embrace this new way of perceiving our music.
2. Does the title Odd Love reflect a specific theme you wanted to explore throughout the album?
[LOUIS]: Odd Love is a way of summarizing our relationship with music, the business around it, and our life as a band in general. We’re often amazed at the longevity of this band and its importance in our lives—especially considering the totally random way it started. This music helps us process all sorts of emotions and life phases we go through, heavy or light. Strangeness has always been our norm, and love is what keeps us going. It took us time to find our place in the music landscape since we’ve never really subscribed to trends or scenes. Our intuition was just to get on stage and wreck everything. Pretty quickly, we realized that wasn’t the best business plan. Over the years, we’ve learned to embrace our incompatibility with the world around us and turn it into a driving force to connect with others. That’s pushed us to start our own label, teach ourselves everything, and create our own tools and tricks to make what’s obvious to us more comprehensible to others. Along the way, we’ve learned to love ourselves for who we are: a strange noise band born out of a spur-of-the-moment idea in a small watchmaking town.
3. You mentioned that this album was partially written during the 2020 lockdown. How did that particular period influence your songwriting and creative process?
[LUC]: That tough period ultimately shaped the album’s creative process.
Jona wears many hats in the band: management, production, liaising with our various partners (management, booking agents, PR, etc.), and, of course, guitarist—not to mention his other roles as manager of Hummus Records and beyond. So, he rarely has time to write guitar parts. COVID forcing the world to pause allowed him to dedicate time to writing the album at home, which became the starting point for the creative process. He’d send me guitar tracks, and I’d work on ideas and record drum demos at our studio in La Chaux-de-Fonds.
4. What were the biggest challenges in creating Odd Love?
[LUC]: Personally, it was a challenge to learn how to record myself. I’d never done that before—normally, we’d rehearse Jona’s riffs in our practice space or directly in the studio, as we did for Millennials and Watchwinders.
It wasn’t a major difficulty, but I had to get used to the technology and, more importantly, to working on songs alone.
5. The single Generic Skincare is already being seen as a standout track on the album. Why did you choose this title?
[LUC]: Of course, this kind of decision is made in agreement with our management, but personally, I think it’s very representative of what the new Coilguns is, while retaining the band’s essence. A pop-ish verse-chorus vocal line paired with a pounding, noise-rock-inspired rhythm on drums, heavy bass/synths, and Jona’s guitars adding the seasoning. Two small cycles of all that, followed by a massive riff that hits hard. It’s a recipe that’s unique to us, though we’ve added some new ingredients.
[KEVIN]: It’s funny because, with our heads in the game before and during the recording, I didn’t really think of it as one of the album’s strongest tracks. But it’s super fun to play, so it’s great that people like it!
6. The video for Generic Skincare was directed by Julien Chavaillaz. Could you tell us more about the concept behind it?
[KEVIN]: Julien has been a part of the Coilguns journey since day one. He’s done most of our music videos and even documented the recording process for Millennials. We trust him completely with our image. For Generic Skincare, he came up with the idea of creating a digital environment in post-production, inspired by a modern art exhibition. The main objective was to play with a sense of surreality and invite viewers into a world that oscillates between the banal and the fantastical. We didn’t want a direct representation of the song’s themes—just a visual interpretation that complements its tone.
7. You’ve maintained a DIY ethos for years, especially through Hummus Records. How do you reconcile this DIY spirit with the growing expectations of the music industry?
[LOUIS]: We’ve always operated with a simple motto: "Do what you can with what you have." For years, we literally did everything ourselves, which is where we learned to manage budgets, book tours, and even design album covers. However, over time, we realized the value of delegating some tasks to people more specialized than us. It wasn’t about abandoning our DIY roots—it was about evolving while staying true to our identity.
[KEVIN]: At the end of the day, we’re still the ones driving our vision, but we now have trusted collaborators who help bring it to life. It’s a balance. The moment you lose sight of your authenticity, you lose what made you stand out in the first place.
8. What’s the message you hope listeners take away from Odd Love?
[LUC]: Honestly, we don’t set out with a “message” in mind. The way I see it, we’re just creating art that feels honest and personal to us. If it resonates with someone and sparks emotions or questions, that’s a win. For me, that’s the beauty of music—it’s a conversation, not a monologue.
[KEVIN]: Exactly. Each listener will interpret the album in their own way, based on their experiences. We don’t try to dictate how they should feel or what they should think. We just want to connect with people on a visceral level.
9. You’ve been part of the DIY scene for over a decade. How do you see the future of bands and labels like yours in the evolving music landscape?
[KEVIN]: The DIY scene has always been adaptable. Every obstacle is an opportunity to rethink how we do things. Sure, streaming platforms and digitalization have disrupted the industry, but they’ve also created avenues for bands to find new audiences without intermediaries.
[LUC]: The most important thing is to stay flexible. What worked for us in 2012 won’t necessarily work in 2024, but the principles remain the same: keep your integrity, learn as you go, and stay connected to your audience.
10. After several years of existence, Coilguns continues to innovate and evolve. How do you manage to maintain this freshness and avoid falling into routine?
[LUC] I think we've always done what we wanted without compromise and without being governed by the rules of a scene or a musical trend. Many bands, attitudes, and ways of doing things inspire us, of course. We all have relatively different backgrounds and have always leveraged them together to create what Coilguns is. Completely turning the tide at all levels for this new album is typically a gesture that allows us not to fall into routine.
11. Your career started almost accidentally, as you mentioned. How do you view this evolution, from your beginnings until today?
[LUC] Accidental? I don’t think so. Maybe you’re referring to the Humus Records label that Jona originally created to avoid signing booking requests in the name of a band member. In that case, it’s indeed a happy accident.
12. You collaborated with renowned producers like Tom Dalgety and Robin Schmidt for this album. How has their input enriched your music?
[LUC] In terms of mixing, the way Tom worked on these tracks surprised me a lot at first. We were used to doing the mixes ourselves and in our way. I would never have thought of approaching these pieces that way. It took me time to understand what his approach was about, especially the way he made space for the voice and put it front and center. In the end, I was won over, and I think it was a necessary step to take this album where we want it to be.
13. Coilguns is known for its energetic live performances. How do you recreate this intensity in the studio, and is there a difference in your approach between concerts and recordings?
[LUC] At the beginning of the band, on our first recordings, there was almost no difference between the two approaches. We tried to reproduce the feeling of concerts precisely. Then, as we progressed, we began to view the studio as such. That didn’t mean abandoning energy but rather reproducing it with the means offered by a studio.
14. You are about to play at the Soulcrusher Festival and Desert Fest. What do these festivals represent for you, and how do you prepare for these events?
[LUC] Soulcrusher is an incredible memory; we were there just after a long lockdown due to Covid, and the audience was electric! I don’t know Desert Fest yet, so we’ll see. Personally, I approach each concert the same way, regardless of the size of the venue, the audience, etc. So these will be no exception to my mindset, neither more nor less.
[KEVIN] I’m really looking forward to it. Soulcrusher, three years ago, was my very first time on stage with Coilguns, so I can't wait to go back, see the guys from Norna, and watch people who are three heads taller than me biking. Plus, the Netherlands is truly the best country for concerts. The technical welcome, cultural resources, food, people—everything is always amazing. Desert Fest too, lots of good memories, and I’m excited to play my first concert as a musician there.
15. Your sound has often been compared to bands like Converge or Refused. How do you react to these comparisons, and do you think your sound has taken a unique direction?
[LUC] Those are very flattering comparisons. Of course, they are two bands that are largely part of our influences. I don't think our music is unique, but we emphasize digging beyond clichés and forcing ourselves to find those little unexpected something.
[KEVIN] It’s really touching because Refused is one of the bands that impacted me the most. I’m not sure I see the links that people make purely on a musical level, but from my point of view, Coilguns and Refused both have a drummer that makes me want to give everything I’ve got, both have a charismatic singer that makes me want to dance, and both have riffs that stick in my head when I try to sleep.
16. You have always made bold decisions in terms of production and writing. What motivates you to continue exploring new sounds instead of settling for what has already worked?
[LUC] Not falling into routine, precisely! Everyone’s tastes and desires evolve over time, so we adapt the writing and arrangement of new tracks accordingly. Each person brings new things based on their various experiences in other projects, which constantly feeds the work on new songs or albums.
17. Your relationship with the punk-noise scene seems special. What is your relationship with this musical style today?
[LUC] That’s where we come from. The sound and identity of that scene have always inspired us; therefore, it makes sense that we identified with it. The direct influence that this scene had on us is now digested, and we are building our own identity with all the past and recent elements of our musical culture.
18. "Odd Love" was largely written by Jona Nido, then arranged by the whole band. How does the creative dynamic work within Coilguns?
[LUC] It evolves constantly over time. At the time of the first EPs and Commuters (our first album), it was mainly Jona and me who would lock ourselves in the rehearsal space whenever we had time to try out the ideas he brought, and we arranged them together on the spot. Then, Louis would write lyrics and lay down vocals just before the recordings or directly in the studio. For Millennials and Watchwinders, we wrote, arranged, and recorded everything in a month for each album. Odd Love was yet another new process, completely unprecedented for the band to date.
19. The album was recorded under particular conditions with a return to basics. Is this a way for you to reconnect with your musical roots or to create a new identity for the band?
[LUC] Not at all. The way we created this album was completely new. The writing process took several months; we recorded it as a demo multiple times in our studio before finally going to Ocean Sound for the final recording. Working with someone outside the band was something completely new as well.
[JONA] I think you’re referring to the composition part where, rather than all being together at the rehearsal space, and after discussions with Luc and Louis, I decided to write the base of the disc alone, with my guitar, at home, just like at the very beginning of Coilguns. At that moment in 2020, I needed to reconnect with my instrument to give the color to this disc. I spent my life doing everything I could to make as much music with my friends, and after a while, other things like the label or management began to take up more space, and I had less and less time to make music. It was thus necessary at that moment, and I think it was the right choice for the rest of the process for this disc. The health crisis actually helped stretch this out over time, and ultimately, it was really great, as it pushed us all to do things that took us out of our comfort zone.
20. You started your own label and learned to do everything yourself. What lessons have you learned from it, and what would you advise young bands wanting to follow in your footsteps?
[JONA] That it’s a lot of work, but it was necessary to remain “free.” Although we would love to have a label taking care of us, until now, controlling the entire chain from the studio to distribution gives us unmatched flexibility, just like managing our other projects since everything is under the same roof and we only have to talk among ourselves to organize. Of course, we have partners for management, booking, press agencies, etc., but overall, we make the plans, and we also manage the investments we make. We owe nothing to anyone. This also allows us to have a “healthy” economy; should the specific project “Coilguns” be sustainable, it is self-managed, and we have no debts to anyone. I’m fortunate to regularly talk to young artists about the ins and outs of project management and a band, and I strongly advise starting by doing things themselves (if no one wants to work with them). I’m not saying it’s a necessary step, but rather than investing time convincing people who don’t have the time or desire, it’s better to put that energy into learning how to do things yourself. This particularly allows for valuing the work of one’s entourage, since you know the issues, but it also helps judge the quality of the services provided or proposed by the partners. I see only benefits in that. Plus, it must be said, it’s an extremely competitive field, and so “just” making good music isn’t enough. Beyond being at least “excellent” (even within the niche), you also have to know how to use the tools available to be present online, distribute your music, and also be willing to do project management. Even for minimal results, becoming a little visible requires planning, organization, and, in the absence of money to outsource the rest, a lot of time and desire. All this for results that often seem thankless.
21. Coilguns has become a real family over the years. How does this camaraderie influence your music and the way you work together?
[LUC] The notion of family or friendship is, for me, a central point of what this group is. I think they are necessary and positively influence the group’s work. Everyone feels good and safe, so it's a comfortable working environment. Of course, there are always adjustments to be made over the years, but it’s always constructive.
22. What do you hope listeners will take away from "Odd Love" upon its release in November 2024, and especially from your single "Generic Skincare" after listening to them? What experience do you want to offer them?
[LUC] Phew, this question is difficult; the experience of music is so personal to each person. Generally speaking, what I like about creating music is first and foremost that it makes me feel something, then, of course, sharing it and hoping that each listener feels something from it, regardless of whether it’s good or bad. The mere fact that it provokes something upon listening, whether musically or in terms of lyrics, is quite satisfying in my opinion.
23. Finally, if you had to describe "Odd Love" in three words, which ones would you choose, and why?
[LUC] Love: that it breathes within our group, in the way we do things, in the lyrics, in our surroundings; it is omnipresent in all our endeavors…and in the title.
Determination: Never putting barriers or brakes on doing things, daring to shake up your own codes, rules, habits, and those around you who govern your music.
Maturity: It’s through the journey we’ve undertaken and the experience gained by making our previous albums and, more generally, through all the periods we’ve gone through together as a band that we reached this result at this moment in our lives. We feel it in the creation process of this disc.
[KEVIN] Love, strange, catalyst. The first two because it fits its name well, and the last because since we recorded it, there has been a switch in my life that I’m still having trouble grasping. It’s very hard to say what comes from the disc itself, but in any case, the period catalyzed a lot of changes, and I’m curious to see where it's going to lead.
Liens :
https://coilguns.bandcamp.com/album/odd-love
https://humus-records.com/product-tag/coilguns/
https://www.facebook.com/coilguns/
https://www.instagram.com/coilgunsnoise/
Pré-commande :
https://kartelmusic.store/pages/coilguns
Coilguns - Bandwagoning (official video)
Commentaires
Enregistrer un commentaire