THALIDOMIDE remonte des catacombes avec “Le Retour à la Barbarie” (Adipocere Records, 12 novembre 2025): black/death abrasif, sans filtre, pensée comme une arme. Jean‑Philippe Gautier a tout ravivé presque seul (guitares, basse, chant), épaulé par Oliver Casula (batterie) et la voix lyrique d’Elvira Stratinskaya sur deux titres. Pas de nostalgie, pas de vernis: un retour aux sources, plus épais, plus aiguisé.
THALIDOMIDE - LE RETOUR À LA BARBARIE
Adipocere Records - Sortie : 12 novembre 2025
LE RETOUR DES ANCIENS DÉMONS
Il y a des disques qui caressent.
Il y a ceux qui confortent.
Et il y a THALIDOMIDE qui revient pour mordre, pas pour discuter.
Après dix-sept ans d’absence, Jean-Philippe Gautier ravive une bête qu’on croyait fossilisée.
Résultat : un album noir, sévère, sans concession, enregistré dans la solitude la plus totale, comme si remettre THALIDOMIDE en marche exigeait d’abord un acte de violence intérieure.
Le Retour à la Barbarie n’est pas un hommage au passé.
C’est une récidive.
THALIDOMIDE
• Origine : France
• Formé : 1992
• Label : Adipocere Records
• Style : Black/Death Metal abrasif
• Line-up studio :
- Jean-Philippe Gautier : guitare, basse, chant
- Oliver Casula : batterie
- Elvira Stratinskaya : chant lyrique (2 titres)
Line-up Live 2025 :
- JP Gautier (guitare/chant)
- Émmanuel Brunaud (guitare)
- Florian Billet (basse)
- Flö Holyvec (batterie)
TRACKLIST - LE RETOUR À LA BARBARIE
01 - Osculum Infame
02 - L’Affranchi
03 - Le Tombeau de l’Humanité
04 - Les Crimes d’Honneur
05 - Noir
06 - Être Pour Avoir
07 - Le Tison Brûlant
08 - L’Abîme du Désespoir
09 - Dans Les Flots De L’Horreur
10 - Incendo Per Ignes
Jean-Philippe Gautier pose les bases. La suite les fracasse.
Interview
1 - Bonjour et Merci pour le temps accordé à cette interview. Quand tu as décidé de ressusciter THALIDOMIDE, tu voulais vraiment revenir… ou tu voulais régler des comptes avec le passé ?
Je n’ai pas de comptes à régler, mais juste l’envie de poursuivre avec des musiciens motivés ce qui n’était plus le cas en 2008. Entre 2010 et 2018, j'ai aussi réalisé trois vidéos de Metal instrumental sur la chaîne YouTube de Thalidomide mais avec mon nom Jean-Philippe Gautier et composé d'autres titres pour un futur album instrumental. Mais avant de sortir cet album je voulais terminer celui de Thalidomide j’ai retravaillé des anciens titres à la guitare et au chant et composé de nouveaux pour pouvoir enregistrer un album complet.
2- Le Retour à la Barbarie sonne comme une gifle. À quel moment as-tu compris que cet album ne serait pas “simplement” un comeback ?
Merci, c’est toi qui me l’apprends, je crois en ma musique mais je ne savais pas si elle allait plaire, car différente de ce que l’on entend en général, en dehors des modes et des clichés. Je suis agréablement surpris des premiers retours, surtout pour le chant en français.
3 - Pourquoi ce besoin d’un son plus cru et direct, sans compromis ?
On a bien travaillé sur le son, qui est bien mieux que pour les deux premiers albums, plus moderne sans tomber dans les sons préfabriqués déjà entendus et l’utilisation d’une basse 5 cordes a ajouté beaucoup de puissance à certains titres notamment sur « Les Crimes d’Honneur » ou sur le break du « Tombeau de l’Humanité ». Quand tu parles d’un son plus cru, comme tu m’as dit que tu aimais beaucoup le son de l’album, je pense que tu veux parler de l’utilisation excessive d’effets, ce qui n’est pas le cas dans Thalidomide. Pour ma part, à la guitare j’utilise juste la distorsion de mon préampli ADA sans aucun effet, pour le reste on a utilisé tout ça (réverb, compression…) au minimum pour avoir un son le plus puissant possible mais compréhensible.
4 - En quoi cet album est-il plus « dangereux » que tout ce que tu avais sorti dans les années 90/2000 ?
Le changement de chanteur a donné à Thalidomide un nouveau souffle, j’ai beaucoup travaillé les textes et la façon de placer ma voix, qui est certes moins agressive que sur les premiers albums mais plus compréhensible. J’ai aussi utilisé des doublages avec une voix plus guttural, ce qui, à mon avis, apporte beaucoup.
5 - Tu enregistres basse, guitare et chant : c’est du contrôle total ou un refus de faire confiance ?
Non ce n’est pas un refus de faire confiance, mais je n’avais pas de groupe à l’époque, j’ai préféré débuter seul dans l’idée qu’avec un album je trouverai des musiciens pour le live, ce qui est arrivé. Cela ne m’a pas posé de problème j’aime beaucoup la basse et en joue depuis mes débuts.
6 - La batterie d’Oliver Casula : comment s’est passée la reprise de contact après toutes ces années ?
On s’est revus à un concert de Sangdragon (mon autre groupe). Je lui ai dit que j’allais débuter l’enregistrement d’un nouvel album. Il m’a répondu qu’il aimerait bien s’occuper des parties de batterie, qu’on a retravaillées et améliorées en répétition. C’est un très bon batteur. Il était aussi sur « le paradis du mal. Il n'a eu que deux mois pour tout apprendre et enregistrer, juste avant de partir vivre au Mexique.
7 - Le titre “L’affranchi” ouvre l’album comme une agression frontale. C’était l’intention ?
Oui, il était prévu pour être enchaîné avec l’intro « Osculum Infame »
8 - Pour moi, “Les Crimes d’Honneur” est l’un des titres les plus sombres que tu aies composés : quel déclencheur personnel derrière ça ?
Tous les titres sont assez sombres, mais je pense que tu veux parler du break où il y a la guitare classique et le chant lyrique, j’aime beaucoup les musiques de films d’Alfred Hitchcock composées par Bernard Herrmann, ce qui se ressent peut-être dans ce passage.
9 - Quand tu dis que l’album “ne cherche pas l’approbation”, est-ce une pique à la scène actuelle que tu trouves trop docile ?
C’est vrais qu’il y a une scène, qui chante aussi en Français et qui marche plutôt bien, qu’on retrouve dans les festivals, mais qui pour moi me laisse très différent. Pour ce qui est des compositions de Thalidomide je ne cherche pas à rentré dans un moule, un style bien défini, c’est plutôt le contraire.
10 - Comment as-tu vécu les années où THALIDOMIDE était enterré ? Soulagement ou frustration permanente ?
Je n’ai jamais arrêté la musique, j’ai travaillé la guitare classique au conservatoire pour obtenir le DEM, je suis prof de guitare, j’ai aussi intégré Sangdragon en 2023 pour assurer les concerts après la sortie de l’album « Hierophant » Et j’ai toujours eu à l’idée de reformer Thalidomide.
11 - Le line-up live : tu reconstruis une armée ou tu prépares une guerre ?
J’ai plutôt trouvé des frères d’armes.
12 - Quelle est la piste la plus douloureuse, émotionnellement ou physiquement, à avoir enregistrée ?
Tout s’est bien passé, j’étais plutôt très excité d’entendre enfin ma musique prendre forme.
13 - “Incendo Per Ignes” clôture l’album avec une atmosphère d’exécution. Pourquoi finir sur cette énergie-là ?
J’aime beaucoup la guitare classique contemporaine ou moderne, je ne voyais pas ce titre au milieu, il clôture bien l’album dans les ambiances que j’aime.
14 - Comment as-tu géré le retour sur scène avec des backing tracks avant de reformer un groupe complet ?
Très bien, c’est très confortable d’avoir le son de l’album dans les retours, mais visuellement ça ne remplace pas un groupe.
15 - Est-ce que cet album devait sortir pour que tu continues d’avancer, ou aurait-il pu rester à l’état de fantôme ?
Oui je devais le sortir pour pouvoir faire autre chose après.
16 - Tu t’attendais à ce que des vieux fans répondent à l’appel… ou c’était un pari risqué ?
Les deux mais j’ai retrouvé pas mal de fans sur internet qui avaient acheté les K7 et les CD à l’époque et sont contents de notre retour, la difficulté est plus de se faire connaître des plus jeunes et des gens qui ne nous connaissaient pas.
17 - En 2025, c’est quoi la barbarie selon THALIDOMIDE : sociale, religieuse, humaine… ou tout en même temps ?
Oui un peu tout ça, on assiste à un retour en force du fascisme, des extrémistes de tout bord, avec comme résulta la multiplication des conflits…Alors qu’il faudrait plutôt s’unir pour faire face aux difficultés qui arrivent avec le dérèglement climatique.
18 - L’étiquette Adipocere Records renvoie aux années noires du métal extrême français : une évidence ou un clin d’œil volontaire ?
Une évidence, Adipocere avait déjà distribué « le paradis du mal » J’ai envoyé l’album à Christian et il m’a répondu rapidement qu’il aimait beaucoup et qu’il était intéressé pour nous produire.
19 - Maintenant que l’album existe : renaissance, vengeance ou dernier avertissement ?
Une renaissance qui, je l’espère, sera le début d’un renouveau musical pour Thalidomide. J’ai déjà débuté la composition de nouveaux titres que j’apprécie beaucoup.
20 - Le Mot de la Fin ?
Je te remercie pour ton soutien et pour cette interview, les lecteurs peuvent écouter l’album sur bandcamp, découvrir le clip « l’affranchi » sur notre chaîne Youtube, et nous suivent sur Facebook où ils peuvent me commander les albums, t-shirts… Et j’espère tous vous retrouver pour un concert de Thalidomide.
https://thalidomidemetal.bandcamp.com
https://www.youtube.com/@thalidomidemetal
https://www.facebook.com/thalidomidemetal
Le Retour à la Barbarie n’est pas un simple album de come-back : c’est une déflagration, une mue, un refus de disparaître. Jean-Philippe Gautier a reconstruit Thalidomide à la force du poignet, dans la solitude, la sueur et l’exigence brute. Le résultat est un disque taillé dans la douleur et le feu, un cri primal qui rappelle que certaines voix méritent de revenir, même après des années de silence.
Merci à Jean-Philippe Gautier, pour ses réponses, sa transparence, et surtout pour avoir ramené la barbarie là où elle manquait cruellement : dans le Metal extrême français.


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